CAMINOS
HUIT CARNETS,
VERS SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE
Fragments de petits carnets griffonés en marchant
Camino Aragones (voie d'Arles)
D'Oloron Sainte-Marie à Obanos
du 30 juillet 2017 au 11 août 2017
L'instant
Le futur se présente avant qu'on ne l'atteigne.
Panne! Le train s'est arrêté.
Irréel en aller.
En devenir, l'instant a changé d'être. .
Fut-il jamais vraiment?
Irréel en aller.
Un enfant braille et d'autres.
Je viens, je vais, je me transforme.
Irréel en aller.
Vivant, ma demeure s'écoule
vers le réel instant.
A jamais s'en aller.
Aucun dessin d'Oloron : arrivée à 22h après un voyage interminable en train + car SNCF engagé depuis Bordeaux, le même jour à 9h ... ( soit 11h pour 230km!). Une heure d'attente à Marcheprime. Du fond du train j'entends: " j'adore grossir ; c'est la vie de grossir".
Au sortir d'Oloron
Des arbres ensorcelés de couleurs en papier,
au coin d'un caniveau.
Des couronnes de fleurs semées de lettres d'or,
sous un mur de grisaille.
Des paillettes d'aurore moirées d'un ciel mauve,
piqué de croix en berne.
Au sortir d'Oloron.
Des arbres enchantés sur de ronds mamelons
écrits à l'encre vive,
Des oiseaux scintillants de picotis pointus
aux feux de l'herbe verte.
Des amours d'escargot enlacées dans l'ébat
d'une ombre qui s'éveille.
Au sortir d'Oloron.
Passez murs et lettres!
L'ivresse d'un feuillage a rejaili soudain
de la souche d'un crâne.
Au sortir d'Oloron.
/ Sarrance //Francia /
/ Sarrance //Francia /
/ Sarrance //Francia /
Mûres, mures
Mûres, mûrir...
Des granules en touffes
s'émerveillent de perles
aux elixirs pourpres,
bientôt secs.
Mures, murailles
Des épines en frise
crèvent les schistes gris
de baies ensorcelées,
bientôt sèches
/ Borce //Francia /
/ Jaca /
/ Arres /
/ Arres /
/ Arres /
/ Ruesta /
/ Sangüesa /
/ Monreal /
/ Tiebas /
/ Tiebas /
/ Obanos /
/ Pamplona // Albergue Jesus y Maria /
A partir d'Obanos, Nous avons remonté à rebours un petit bout du camino francès pour rejoindre Pampelune et de là prendre un bus vers Bordeaux. Pas moins de 400 pèlerins croisés sur 20km! Parmi eux, croisés sur le sentier qui descendait du alto del perdon, Maria, Vicente et Xavier, trois pèlerins de Valence rencontrés à Larabetzu, il y a deux ans,sur le camino del Norte. Le bonheur du hasard et l'esprit du chemin!
Camino del Ebro,
De Tortosa à Comillas
du1er août 2017 au 15 août 2017
Les sacs, les affaires, la course aux coussins manquants pour gonfler dans le car, dormir aux étoiles et peut-être près des bains sur la seconde étape. Un spay anti-moustique, liqueur de géranium, à vaporiser sans nuire à l'air intact. Un carnet; le voici! Un cahier aux papiers plus forts que les précédents; pas trop lourd tout de même, encore trop fin sans-doute. Je m'étais promis de me le fabriquer; en vain, comme souvent; pas toujours tout le temps. j'ai rechargé mon crayon gomme,trié mes 2B, publié des messages , reçu des mots et des signaux. J'ai retrouvé mon couteau de buis,mon gobelet d'aluminium, acheté des récits brefs écrits en castillan...
/ Tortosa // Cathédrale Santa - Maria /
/ Tortosa // Calle d'en Ebro /
Ces drôles d'entomologistes
épinglent des papillons
sans leur percer le coeur,
de peur qu'ils ne s'assèchent
Leurs filets sont des ailes
aux blancs bonnets pointus
"comme des astrologues",
des instants hérissés,
de longs chapeaux de fée.
Au regard du canal les reflets sont des rimes
figées dans l'eau glissante des noirceurs intimes,
dessinées en pein jour au croissant d'une voûte,
elles soufflent des étoiles aux nuages des routes.
/ Benifallet // Depuis la vieille gare /
La vieille gare de Benifallet n'est pas à Beniffalet; mais sur la ruta verde, l'anciennevoie ferrée aujourd'hui reconvertie en voie douce. Pour atteindre le village patronyme à une dizaine de km par la route, il fallait descendre par un chemin au pied de la montagne et prendre un bateau pour rejoindre l'autre rive de l'Ebre ( à l'époque, il n'y avait pas de pont). Franco en personne avait inauguré l'équipement! L'idée était de développer un territoire ( de semer du progrès jaloné de soldats) ... Evidemment ça n'a pas marché. Mais la gare abandonnée a été maintenant reconvertie en une très agréable halte ( on peut y dormir, s'y restaurer (très bien!); il y a aussi de concerts...). Curieusement, les guides de pèlerins n'en parlent pas et l'office de tourisme de la voisine Tortosa semble ignore son existence! Pourquoi?
Je n'ai pas dessiné la gare : je la trouve sèche et moche. Le paysage autour est en revanche délicieux : la montagne et ses parfums balsamiques... Que le pèlerin, le marcheur, le cycliste le mette à son programme sans hésiter !
/ Gandesa /
/ Caspe /
De vos noms, je retiens,
comme des paysages aux formes cultivées
d'épines et de fossés,
l'oubli des sentiments,
au fin-fond des coquilles.
Dinosaures en cohortes, alignés en vignobles
voyez-vous dans le ciel vos fantômes sauvages ?
voyez-vous dans les rangs,quand les piquets s'inclinent,
des cous sinusoïdes?
De vos noms, je retiens,
comme des sentiments aux formes de coquille
d'épines et d'oublis,
les fossés cultivés,
au fond des paysages
Vos sexes de mamelles ont les yeux en cascades;
Grains violets outre-noir, vents transparents si clairs.
Sous vos peaux frangipane,
dorment des bébés seiches
les ailes repliées sur une entéléchie.
De vos noms, je retiens,
comme un fossé d'oubli sur des formes d'épine
des cultures en coquilles,
et puis des paysages,
au fond des sentiments.
/ Chiprana /
/ Escatrón /
/ Velilla de Ebro /
/ Fuentes de Ebro /
/ Alagón /
Des bottes vertes de luzerne
ombrent les sillons
d'angles noirs.
Un Don Quichotte en marche
verrait bien un troupeau
dans ces tas avachis.
Sans corne ni clochette,
ils ruminent un destin
de granules à l'étable.
/ Gallur // Depuis la place d'Espagne /
/ Gallur / Cierzo /
Du haut d'un escalier panoramique, un dessin express fait sous un vent épouvantable ( et froid).
/ Buñuel /
/ Tudela // La loco dans l'eau /
/ Tudela // Depuis la cathédrale /
/ Tudela // Calle Ruiz de Conejares /
/ Tudela // Depuis la Plaza Mercadal /
Camino del Norte,
De Hendaye à Comillas
du 31juillet 2016 au 13 août 2016
/ Hondarribia /
Fait hors chemin,mais sur le chemin ( nous sommes passés par le pont).
/ Pasaïa /
Fait hors chemin,mais sur le chemin. Nous avons dormi dans la petite albergue à coté de l'ermitage de Santa Ana.
/ Orio /
/ Zumaïa - covento San Jose /
Un petit dessin croqué sur le bord du trottoir en attendant l'ouverture de l'albergue, dans le vieux couvent aux beaux planchers cirés.
/ Zumaïa /
Les rochers viennent ou se transforment.
Soudains ou polis,
ils portent, de leurs dépôts,
la marque de leur chute.
Et dans leurs angles ronds,
l'eau salée et le vent.
/ Deba /
Là
Nulle part, le pied de l'arc-en-ciel.
Nulle part, une oursonne en étoiles,
ou bien en casserole.
Nulle part, de la mer et du ciel,
le trait de leurs baisers.
Nulle part, le fin-fond du chemin,
comme un rond de lumière dans le couvert de l'ombre.
Nulle part, le nuage englouti
dans la flaque aux miroirs.
Nulle part, leurs blancs dessins
sont dinosaures neigeux.
Et pourtant je les vois,
les nomme et les saisis.
Je les ai en mémoire.
Là, dans un grand chaudron,
un trésor de gemmes.
Là, des marins anciens
ont ancré les boussoles de leurs courses nocturnes.
Là, des pieux croque-morts,
et parfois des poètes,
ont trouvé l'interstice de la Terre et du Ciel.
Là, des bouts de tunnels
accouchent de symboles.
Là, des peintures fauves
comme nuages blancs.
Mais nulle part, ils ne sont.
Et je les ai en moi.
/ Guernika /
/ Larrabetzu /
La tenancière du café (etorki) où je m'étais installé était très énervée ( le fait que je dessine à sa terrasse?).Quand je lui ai demandé un deuxième thé, elle a explosé... Deux espagnoles mangeaient ensemble. L'une d'elle, très choquée par l'agressivité de l'hotesse- tenancière, est allée directement chercher un thé au bar pour me l'offrir. J'en fus très touché. Du fond du coeur , je la remercie de sa gentillesse et de son attention.
/ Larrabetzu /
/ Sestao /
/ Castro- Urdiales /
Eglises
De hautes forteresses d'ombre,
emprisonnée dans l'effroi des chandelles.
Un chant clair-obscur
hurle
de flammèches.
Théâtres caverneux,
couvert opaque de hauts murs.
Un vent rupestre
éventre
des corps nus.
Des temples sans fenêtres
distillent
la lumière
qui n'y pénètre pas,
le jour
qui n'y vient pas,
qui n'y vient pas,
qui n'y vient pas,
mais s'y dépose.
/ Laredo /
/ Güemes /
Etreinte d'un champ bleu dans un bouquet d'aiguilles,
voici, dans la verdeur, l'indigo d'une fleur.
Cri de l'été bientôt mort,
fanaison d'herbes folles,
merveille.
Par la brume fumée de l'aube en gouttes,
il perce le soleil.
Avant qu'il ne s'étiole.
Orange des clochettes,
couteau.
/ Boo de Pielagos /
/ Cobreces /
/ Comillas /
De llanes à Baamonde
du 2 août 2015 au 16 août 2015
/ Poo de Llanes /
/ Poo de Llanes /
San martin
L’ermitage émietté a retenu sa voûte.
Son rond portique ouvert,
Est arqué vers le ciel.
Des bleus rochers, l’amer
De cantiques lointains s’égrène sur la route.
Niembros
Eglise et cimetière ont uni d’un reflet leur chemin vers le ciel.
Dans les eaux d’un miroir, des barques de couleur ancrent des traversées
Où filent, immobiles, les mystérieux glacis d’une icône de miel.
Un tableau clair-obscur ressuscite les ailes d’un ange pétrifié.
Ribadesella
Playa de Vega
Surfaces emmitouflées d’aluminium blanc,
Conserves à roulettes, graisseux entassements,
Caissonettes d’ordures aux recoins du parking,
Saucissons à moteurs échappés du camping,
Blessures de l’océan qui heurte le rivage,
Arrogants détrousseurs des plus grands paysages,
Voici les camping-cars, amoureux ravageurs
Acollés aux pare-brise de leurs téléviseurs,
Contre la plage nue.
La Isla
Eclat
Un bouquet de trompettes bleues hurle un chant d’abondance.
………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………….
…………………………………………………………avant l’ombre.
Villaviciosa
Mûres
Dans la pulpe des mûres, le goût sucré des ronces.
Un caviar rouge-perle me craque sous la dent.
Dans un fracas d’épines, le goût sucré des ronces
Sillonne en griffonnant des granules de sang.
/ Gijon /
/ Aviles /
/ Cadavedo /
Là !
Au détour d’un moineau,
La mort, au fond d’un caniveau.
La mer et ses rouleaux.
/ Navia /
/ Tapia de Casariego /
/ Tapia de Casariego /
/ Ribadeo /
/ Ribadeo /
/ Lourenza /
La ferme du chemin
La ferme du chemin a deux grands yeux ouverts.
Sous son toit effondré, les ronces ont fait leur nid.
Insectes et moineaux s’entremêlent au couvert
Des chats bleus et des rats qui farfouillent la nuit.
Dans les crèches et les niches, au gris des volets clos
Se murmureraient ici les échos devinés
D’un album flétri aux rustiques tableaux,
D’un cochon mis à table aux cris d’un nouveau né.
Les ronrons endormis de ces clichés pastiches
Trainassaient en rêvant sous mes paupières closes
Ils s’ouvrent maintenant sur la béance en friche
D’une ruine entrouverte au spectre d’une rose.
La toucher, la cueillir, la prendre par la main !
Arracher aux broussailles son fantôme exhumé !
Sans m’attarder à croire qu’on chercherait en vain
Dans ce qui est perdu, la mémoire de jamais.
/ Vilalba /
Tapioca
T’en souviens-tu ?
D’un ennui impatient, les heures inaccomplies nous laissaient au rivage.
Elles murmuraient sans bruit, des vagues sans écume qui s’épuisaient en rond.
Dans une assiette en flaque, la grisaille du ciel inondait des potages
Embourbés d’alphabets beige-crème et gluants ; indécis et sans nom.
T’en souviens-tu ?
Nous glanions en dérive les fragments déchirés des vaisseaux abattus,
Sur l’arène échoués, comme au bord d’une écuelle, des lettres empâtées.
De mots défigurés, nous reprenions les fils de romances déchues,
Paroles englouties de poèmes effacés qui n’ont jamais été.
T’en souviens-tu ?
Du haut des grains de sable, mes pierres en ricochets coulaient toujours à pic,
Au bout d’une fourchette, un héron au long bec pêchait quelque prénom
Dans la triste lumière de la toile cirée j’écrivais un Eric
De quatre lettres molles, sur la rive en faïence d’un jaunasse bouillon.
T’en souviens-tu ?
Comment d’un pied trainant, nous écorchions le sable de dessins bien plus grands.
Comment d’un bout de bois, nous faisions un radeau partant pour l’horizon
Et comment nous lancions au plus lointain du ciel, jusqu’au soleil couchant
Des paroles magiques pour enflammer la rive au feu de ses rayons !
/ Bilbao /
3h de correspondance, un long retour en bus vers la france
( 18h d'autocar de La Corogne à Bordeaux)
Camino de la Plata,
Camino Sanabrès
De Merida à Salamanca
du 5 août 2013 au 17 août 2013
et de
Salamanca à Ourense
du 28 juillet 2014 au 11 août 2014
/ Merida - Plaza mayor /
/ Merida - Teatro romano /
/ Aljucen /
/ Aljucen /
/ Casar de Cacères - Plaza de España /
/ Galisteo /
/ Oliva de Plasencia /
/ Oliva de Plasencia /
/ Baños de Montemayor /
/ La Calzada de Bejar /
/ La Calzada de Bejar /
/ Fuenteroble de Salvatierra /
Mirage
Bien souvent, l’illusion, m’emporte de ses pas, vers d’étonnants mirages.
Ce matin, en chemin, je marchais dans la nuit, quand j’ai cru voir au loin
les lumières d’un village dans l'horizon d'une ombre.
Ce n’étaient que les feux, aux yeux illuminés,
D’une centaine de chats, géants et côte à côte.
Et l’affût d’un silence aux oreilles pointues.
/ San Pedro de Rozados /
/ Salamanca- Plaza Corrillo /
/ Salamanca- Calle Compaña/
/ Salamanca- Plaza Mercado/
/ Salamanca- San Martin /
/ Salamanca- La madre de Dios - La Purisima Concepcíon /
Salamanca
Salamanca
Calzada de Valdunciel
Calzada de Valdunciel
Villanueva de Campeàn
Zamora
Zamora
Que fait Dieu sous les voûtes de ce jardin païen?
D'argent à sept ciels, un grand autel brillant;
un long Christ de cire,
fesses à l'air et sans couilles,
s'étend sur un drap blanc.
On dirait un drap-housse,
une plissure de coton,
et de lys,
et de roses,
et de parfum d'encens.
Bientôt il sortira
dans une procession
de grands cornets à glace
comme des capuchons,
comme des bonnets d'âne
d'un seul sommet pointu avec des trous dedans
Il ira en fanfare,
dans la clameur des fouets.
Zamora
Le nuage.
Là-bas, les éoliennes,
au loin d'un arc-en-ciel
tire un puissant nuage.
C'est une caravelle!
Derrière ses hélices,
vient tout un bataillon d'oriflammes poudreux
et les chevaux ailés de grands cavaliers bleus.
Ici, la poésie a rompu la montagne.
Comme elle marchait vers moi,
vint un astre soudain
porteur d'un nouveau jour.
Montamarta
Montamarta
Tábara
Olleros de Tera
Mombuey
¡Ave de paso, garrotazo!
Lubián
O Cañizo, O Pereiro
Statue de Pâques, singe à grande bouche!
dans le ruisseau coule le fer
et dans la pierre, un chant.
Ici , les genêts ont brûlé ;
les abeilles gémissent de bois secs.
Dans le cri aigü des souches,
leurs rameaux font au ciel
un horizon pelé.
Un lézard s'efface au vol d'un rapace!
Et des murs, et des murs, et des murs
et des murs de pierres sèches aux épines de pierres plates.
Des ronciers grouillent!
Et des murs, et des murs, et des murs,
et des murs en chemin creusant une forêt
de chênes en ombres,
de fougères, de chants d'insectes.
L'eau se parfume de murmures tournants,
quand sourd d'un ciel à sec,
un lézard au sang froid.
Ecoute, s'il brûle!
Et des murs, et des murs, et des murs...
Ils ont bien dû marcher ces longs chemins de pierre!
Elles ont bien dû rouler ces imposantes sphères!
Rus chavirés surgis des temps anciens,
ou charmes telluriques d'un mage galicien ?
Ils ont bien dû fleurir ces genêts entêtés
Elles ont bien dû ramper ces pierres enchaînées
comme elles ont du pleurer dans les brumes amères,
les lézardes et les murs, et les murs et les murs.
A Gudiña
L'instant
Tourbillons immobiles,
de grands bouquets tyriens perçent les pierres vertes.
Les mouches s'avancent vers la pluie.
D'une goutte de terre,
L'épine crève un nuage.
Tourbillons immobiles,
des chous de haute tige, bercent les deux bras gris
d'une blouse à carreaux.
D'une goutte de terre,
L'épine crève un nuage,
de mûres et de bruines.
Laza
Ourense
Camino Primitivo
D'Oviedo à Santiago de Compostela
du 29 juillet 2012 au vendredi 10 aout 2012.
/ Oviedo /
/ Oviedo /
/ Cornellana /
/ Cornellana /
Les épouvantails
Ce sont de grands fantômes qui flottent entre les fruits
dans des robes de chambre,
sur des manches à balais, sous des pulls à carreaux,
ils ont la tête ronde et font peurs aux oiseaux.
/ Pola de Allende /
Les abords de la route
Dehors les vents qui saignent ont des rumeurs de bruits.
Ils meulent d'un trait noir les feuilles et les fruits.
Ils crissent de vitesse et gémissent de pneus.
dans la brûme des phares on pourrait voir des feux.
Ils saignent l'arbre mort dans la roche écrasée,
le chant d'un oiseau sourd, coquelicot fané.
/ Berducedo /
Intrusion
Parurent deux chevaux blancs montés de cavaliers,
comme vient un nuage, découpés d'auréoles.
De la chair des montagnes
En mille feuilles grises et bleues,
l'huitre a pris chair de montagne:
entre la ronce et la bruyère,
l'iode murmure un chant violet.
M'allongerais-je ici dans sa gorge de menthe
sous un parfum rosé de fleur éclaboussée?
la lumière s'y amuse au matin dans sa langue,
léchée à petit feu sur la nacre immobile
lancée en polylobes,
dispersée en pagaille.
Elle recouvre d'un lit la fleur et ses entrailles.
/ Grandas de Salime /
Le dragon
Souvent pour m'amuser, je cherche des images,
dans les mailles d'une souche, dans l'aura d'un nuage.
Souvent; le plus souvent, je ne les cherche pas.
Elles viennent, les intruses, au revers d'un passage.
c'est ainsi, qu'en sa crypte, j'ai croisé un visage
aux écailles de mousses, revêtu d'un autr'âge.
/ Fonsagrada /
Les nouvelles du jour
Le soleil lavé d'eau,
ébouriffé si vague, comme un grand autocar
et la pluie insouciante d'un chant si lent,
de gris morne.
/ O Cadavo Baleira /
De Galice, les murs.
Là, sous le bois, de mousses rondes épices,
les piles d'un vieux mur s'ordonnaient en séquences
de piles aux dents pointues,
d'osselets enterrés
et de longs courants d'ombres retenues à deux mains,
caresses appareillées
et sortilèges anciens de ces murs de mystère,
antennes d'un vieux monde, survenu et soudain.
là-bas, les murs dormaient si secs,
de plaques en potelets,
ils muraient les courants
et barraient l'horizon
aussi droit qu'une tombe.
Du serpent sinueux qui jouait de son onde,
ils n'auront retenu que le fil électrique
de son poison crasseux.
/ Lugo /
/ San Roman de Retorta /
Albahaca
Comme éclairée de brûme,
je l'écoute.
Effacée dans le matin de l'ombre,
sentinelle du jour.
/ Melide /
FINISTERRE
A David, du chemin…
Le soleil dit-il,
Et la mer, sur sa peau, brillait, grand coquillage,
A l’amarre de son cou, au sable d’un rivage
cherché du haut des vagues, vers l’horizon couchant
et trouvé sur la plage, au retour de l’Orient.
La rougeur des eaux vertes, l’empreinte d’un chemin
formulait sur le sable son sinueux dessin :
depuis Jérusalem, ou Rome ou Compostelle,
l’éventail d’un feu couvait en étincelle.
Il ouvrait ses dix doigts au pied d’un phare brûlant
aussi fort qu’une étoile dans l’ivresse du vent
(quand il joue des haillons portés à l’offertoire
aux bras des sémaphores agités d’au-revoir).
Le soleil disait-il,
Et les rochers de brumes aux lents feux espérés,
dans les bûchers d’adieu, doucement crépitaient.
Consommé de savates aux sourcils de bois,
Froncés de souvenirs aux murmures sans voix.
Je n’imaginais pas un tel Finisterre,
Blanchi de rochers noirs que les vagues enterrent.
J’avais rêvé d’un havre plus sûr en solitude
Où les pas endormis versent un lit de quiétude.
Scintillance apaisée d’une grève charnue
aux lèvres d’une lune, caressant mes pieds nus
dans le silence et seul, sous le ciel sans ombre,
face au rouge horizon d’une étoile qui sombre.
Un soleil dit-il
Et la main emportée vers un lointain couchant
déclinait des chansons au fil d’éclairs blancs
qui découpait la nuit de morceaux ajustés
par tenons et mortaises dessinés à la craie.
Il était revenu jusqu’au même rivage
chercher comme autrefois un nouveau coquillage
mais sous le ciel ouvert où manquait une pièce,
il ne trouva plus rien que la plage délaisse.
Alors, serrant la main contre son pendentif,
Il largua les amarres de son intime esquif,
Et d’un papier plié, voilier de caniveau,
au souffle d’un secret, il le remit à l’eau.
- Mercedes -San Roman da Retorta
- 22/08/2012 18:57:44
- juliaregia@yahoo.es
- -
Camino Francès
De Saint-Jean-Pied-de-Port à Santiago de Compostela
du 25 juillet 2008 au 22 aout 2008
Logroño mais revenu sur mes pas en 2014
Torres del rio
Immensément rond, bleu du ciel,
je te connais: tu es un oeil!
Par l'au-delà de ton cristal,
les rayons du monde s"épanchent.
A l'horizon, comme onde claire,
Tu es la loupe qui les recueille.
Ecarquillées et wagabondes,,
étoiles!
Vous bruliez comme des trous dans la cornée obscure.
Farfadets, feux follets, lanternes en dérive,
vous hantez les fins-fonds.
Je vous clouerais à mon plafond,
si vous ne dansiez toutes.
Et si je n'en craignais l'ouverte cicatrice,
je vous attacherais à mes notes de route,
épinglés à des noms épitaphes ou factices.
Rond, rond et noir, ô bleu-du-ciel,
je te verrais bien d'un autre oeil,
télescope ahuri, résultat d'équation.
Mais de l'observatoire où j'ai creusé mon seuil,
mon coeur ne retient plus
aucune explication.
Des écrevisses blancs ( ce sont des éoliennes)
s'immolent aux grands vents que les sommets retiennent.
Ce sont, vivants chardons,aux creux de blés si mûrs,
les feux coquelicot d'un sortilège obscur.
Les sorciers aux yeux ronds les ont mis sur ces crêtes
pour que de leurs doigts blancs, elles captent les tempêtes.
Mais pourquoi laissent-elles à mes pas empressées
le remord et l'humeur des mauvaises pensées?
Bruyères, pins, cailloux bruns et ronds, j'ai fait le tour des éoliennes.
Elles étaient si lointaines.
Les voilà de dos, immobiles, inutiles et vaincues. Là, depuis mon départ,c'est leur troisième rideau.
Comme des clochers de village,elles jalonnent.
Mais rien ne les accompagne.
Juste un grand champ rocheux aux odeurs de réglisse.
Je me rappelle Apcher, la Margeride.
Soldats armés sur la courtine, elles vivent en bandes.
Je les contourne
au creux d'une abbaye, rencontrée vers midi.
Vaine poussière, murmure calciné,
mon ombre a caressé ce long chemin brûlé
comme une lèvre sèche.
De sa pulpe gercée, succulents et dorés,
babillent des cailloux et des pierres roulées.
Un long corps les étreint.
Ici ,l'arbre pensif appareille en rêvant.
Là, écrasé d'enseignes et de goudrons bruyants,
il passe, ne sait plus
que le grand feu du ciel a choisi ma casquette
pour offrir à la terre, silencieuse et muette,
le baiser d'une étoile.
/ Burgos /
/ Burgos /
/ Bercianos /
Ainsi, je contournais le silence abîmé du droit itinéraire.
En marge de sa ligne, le sillon de la terre m'écrivait un chemin.
à la piste torride, je préférais l'ornière,
imparfaite mais fertile en malicieux dessins.
Ainsi d'argiles en sable, s'imprimaient les semelles
de mes pas bifurqués vers ces nouvelles pages
où les pensées defilent en mots et ritournelles
comme l'eau d'un ruisseau inondé par l'orage.
ainsi, ornés de ronces où mes jambes se griffent,
hantés par les chardons triomphants et fanés,
s'ouvraient des horizons au frémissant esquif
battelé par les vents tel grains en épis.
ainsi, je retrouvais par les champs de maïs,
la dorure des blés où roulaient nos cheveux.
L'ombre des jeux d'enfants s'y jouait en coulisse,
les rumeurs de nos vies, les chagrins de nos voeux.
tu revenais ainsi, ô quête émerveillée,
sur un autre chemin loin du bruit de la route,
et à ce libre pas où tout m'était dédié,
mon coeur aurait connu l'amertume du doute?
Observant le reflux de jalons immobiles,
je ressentis la terre comme un ballon géant
je palpais de mes pieds son mouvement agile.
J'étais l'équilibriste d'un cirque itinérant.
Invariable , virtuel, se dessinait un axe
où s'enroulaient les mondes dérobées sous mes pas.
Leurs longs, lents, tourbillons m'apprenaient la syntaxe
de la langue des vents qui me lèchaient les bras.
Qu'en un voile de feuillage, les horizons s'écartent!
Qu'au seul son de mon pas , ils mènent aux voyages
tous ces corps étendus en silencieuses cartes
et se laissent admirer en dormant paysages!
Ecoute au creux des vents les chants de l'herbe blonde,
murmure vascillant au chatoiement de l'onde,
matin.
Ecoute au coeur des brumes, la bruyère qui gémit
d'une harpe d'agrume, un clavecin s'enfuit
matin.
Ecoute sifflotant sur des genêts d'argent
l'éclat de justes touches et les feux caressants,
matin.
Ecoute au voile flou des lointains les plus doux,
l'écho d'une clochette parmi les chênes-houx,
matin.
Ecoute bêler les monts et japper les vallées,
le ronron des chemins pleins de mots de mots dissipés,
matin.
Ecoute les poussières martelées sous ton pas
et le lent métronome de ton bâton de bois,
matin.
Ecoute l'oiseau bleu qui surgit et s'envole,
il dévoile du jour sa première parole:
va!
Les conteurs anciens nous racontaient le monde en ses métamorphoses:
la pierre devenait vie, le silence chansons.
Les sachants éclairés aujourd'hui nous imposent
la raison de déduire le dit du déjà dit.
Au chant coupé de l'herbe fraiche,
àl la verte tomate, salut!
De boucles d'or en blondes mèches,la chevelure des talus
ouvre au tranchant d'une arme brève
l'ardente saveur de son cri,
clameur égorgée d'une sève
vomie au piquant des orties.
Vert, vert, le sang des fleurs ététées
dégueule un chatoiement d'ivresse
par les plaies de leurs coeurs émiettés
de blancs parfums et d'allégresse.
Demain leurs corps pourris, balayés par les vents
iront,la peau flètrie, murmurer d'autres chants.
amère et moete cendre qui pue le chien mouillé
purains morveux et tendres, fumiers éparpillés.
Devrais-je en amant triste en porter les regrets,
les compter sur la liste des passants oubliés,
les laisser divaguer parmi les fièvres folles,
jusqu'au mourant été où leurs tiges s'étiolent?
Je n'aurais jamais su les parrfums capturés
ni l'exhalison nue de leurs âmes expirées.
C'est à leur sacrifice, total et ahuri,
qu'elles ont été complices de mon coeur ébahi
Aux heures accomplies de leurs vie bien réglées,
je n'ai pas même envie de cueillir un bouquet.
Chapelet d'araignées en perles,
avés et paters au poignet
épines couronnées de merles,
brumes voilées de mariées,
au bois-joli du chat-perché
mon coeur gémit les matins doux
réveillés aux pensées cachées
sur l'oreiller contre ma joue.
Des rose bleues de ton peignoir,
tu ouvrais aux rayons du jour
l'oeilleton de ma chambre noire
sur mes rêveries au long cours.
Et dans la buée, sur le carreau,
j'écrivais de mes lèvres tendues
un blanc baiser à demi-mots
aux chants qu'il me laissait entendre.
Tous les oiseaux de Blanche-Neige
papillonaient pour les matînes
au rond tourbillon des manèges,
une cantate de comptines.
Et je me recueillais
à cet instant fragile
au creux du nid douillet
qu'emmitouflait le ciel.
Les yeux ébouriffés
par des genêts d'argent,
j'atteins la rive aimée
de ces heureux moments.
En nageant dans la brûme
où s'est perdu le bois,
je cherche, par l'écume,
la coquille de noix
qui de cet océan
aux pieuvres de branchages
unira mes instants
à leurs amples feuillages.
Santiago de Compostela
Santiago de Compostela
- Françoise
- 22/08/2013 16:13:54
Quelle émotion ! Tes dessins magnifiques et les mots qui s'y entremêlent comme une évidence. Lumineux !
- Pilar
- 10/03/2013 19:31:56
Hola peregrino, lo prometido es deuda. Me ha gustado mucho tus dibujos, son maravillosos.
Animo, buen camino.
- Maëlia
- 07/02/2012 18:51:06
c'est vraiment très beau et mériterait une impression sur papier afin de pouvoir le consulter en Chemin. Merci !
- PILAR AMIGA DEL CAMINO DE SANTIAGO
- 02/11/2011 15:34:58
Que buen recuerdo tengo de como hacías tus dibujos en el Camino, buena suerte Eric
- Pilar
- 06/03/2011 17:30:00
sin duda la mas real descrición del camino que he leido, gracias Eric, por expresar lo que tantos sentimos
Commentaires
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- 1. Françoise Le 22/08/2013
Quelle émotion ! Tes dessins magnifiques et les mots qui s'y entremêlent comme une évidence. Lumineux ! -
- 2. Mercedes -San Roman da Retorta Le 22/08/2012
Buenas Eric
Maravillosos dibujos y poetica descripcion del Camino -
- 3. Maëlia Le 07/02/2012
c'est vraiment très beau et mériterait une impression sur papier afin de pouvoir le consulter en Chemin. Merci !
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- 4. Pilar Le 06/03/2011
sin duda la mas real descrición del camino que he leido, gracias Eric, por expresar lo que tantos sentimos
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